La clé, c’est que ce n’est pas la situation en elle-même qui nous contrarie, mais la manière dont nous l’évaluons.

Imaginons, par exemple, que vous soyez à votre cours de yoga nidra ou de relaxation, et qu’il y ait des travaux à l’extérieur. Si vous êtes contrarié·e, c’est parce que vous imaginez que le bruit va vous empêcher de vous relaxer. Mais ce n’est pas le bruit qui vous empêche de vous relaxer, c’est le fait que vous y résistiez : que vous vous disiez : « j’ai besoin de silence pour me relaxer, ce n’est pas possible autrement ».

Mais (en supposant que ce bruit ne soit pas fort au point d’être douloureux pour vos oreilles) vous pourriez aussi l’écouter avec curiosité. Le but du yoga nidra est de calmer le mental. Une manière d’y parvenir est de suivre les instructions pour se concentrer sur son corps ou sur la visualisation proposée par l’enseignante. Mais une autre manière pourrait être de diriger volontairement votre attention sur votre corps et vos pensées et sur le bruit extérieur, et de noter comment votre corps et votre esprit réagissent à ce bruit : votre corps se crispe-t-il ? Quelles sont les pensées qui vous traversent ? Quelles émotions engendrent-elles ?

En fait, vous ne pouvez pas échapper à la situation : vous ne pouvez pas arrêter le bruit. Vous pourriez choisir de quitter votre cours de yoga nidra ou de relaxation, mais la situation continuerait de vous déranger parce que vous estimeriez qu’elle vous a empêché de satisfaire votre besoin de détente. La seule chose que vous pouvez contrôler, c’est ce que vous vous racontez à propos de cette situation. Vous pourrez vous détendre si vous trouvez une manière de voir les choses qui favorise la détente. Au contraire, si vous nourrissez des pensées de mécontentement, vous allez vous sentir de plus en plus mal.

Imaginons maintenant que vous soyez dérangé·e par des personnes qui parlent trop fort à proximité de la salle où vous essayez de vous détendre. Cette situation risque de vous mettre encore plus en colère, par exemple si vous vous dites que ces personnes sont impolies, égoïstes, manquent de considération à votre égard, etc. Là encore, vous ne pouvez pas vraiment changer la situation : même si vous leur demandiez de se taire et si elles le faisaient, ça n’apaiserait pas nécessairement votre énervement : nous pouvons être dérangé·es aussi bien par les situations passées dont nous nous souvenons que par les situations présentes dans lesquelles nous nous trouvons : ce qui détermine nos réactions émotionnelles, c’est la manière dont nous interprétons les situations, le sens que nous leur attribuons, et nous sommes libres de leur donner un autre sens. Par exemple, nous pouvons nous dire que ces personnes ne savent pas ce qu’elles font, ou qu’elles ont leurs propres blessures qui les conduisent à se conduire d’une manière qui peut nous blesser. La clé, c’est de cesser de mettre de l’huile sur le feu de notre colère en la nourrissant de pensées hostiles. Quand nous réalisons que c’est nous-mêmes que notre colère fait le plus souffrir, nous pouvons choisir de prendre la responsabilité d’apaiser nous-mêmes notre propre colère. Ce n’est pas facile, mais si nous choisissons de juste l’observer, d’observer nos pensées hostiles sans nous identifier à elles ni lutter contre, et d’observer les sensations corporelles engendrées par notre colère, nous nourrissons notre conscience au lieu de notre colère, et cela nous permet de ressentir de la curiosité et de la compassion (envers nous-mêmes et envers les autres), ce qui est nettement plus agréable que la colère !